***Alors qu'une nouvelle manifestation est prévue aujourd'hui, universitaires et politiques fourbissent leurs propositions pour réécrire le décret sur les enseignants-chercheurs. Les députés UMP ont remis hier leur projet.
Les uns cherchent à amplifier encore la mobilisation, les autres s'efforcent désormais de sauver la réforme du statut des enseignants-chercheurs en imaginant un nouveau texte. Et nul ne sait encore quel camp l'emportera.
A sa troisième semaine, le mouvement des chercheurs navigue en eaux incertaines. Professeurs et étudiants sont appelés à défiler aujourd'hui par leurs organisations. Ils pourraient être encore nombreux, même si les vacances et les suppressions de cours risquent à terme de desservir la mobilisation étudiante.
Et, déjà, portés par le succès, quelques-uns vont jusqu'à réclamer l'abrogation de la loi autonomie. Ils restent encore très minoritaires. Mais le climat tendu le prouve, les gestes de la semaine dernière n'ont pas encore porté leurs fruits.
Et pour cause : les syndicats espéraient engranger une victoire nette. Or, Valérie Pécresse, peu désireuse d'afficher un recul en pleine primaire UMP pour les élections régionales de 2010 en Ile-de-France, ne leur en a pas donné l'occasion. Certes, la ministre de l'Enseignement supérieur a chargé une médiatrice, Claire Bazy-Malaurie, de « réécrire » le texte et Nicolas Sarkozy a demandé que de « nouvelles pistes » soient explorées.
Mais, dimanche, la ministre, jouant sur les mots, a nié que le texte soit « caduc » et promis qu'il serait « remis sur le métier selon les principes fondateurs de la réforme ». Manière de réaffirmer que la réforme aura lieu, mais aussi peut-être de sauver un peu la face en atténuant la portée de son geste.
Pas de cadeau
Les organisations syndicales ne lui ont pas fait ce cadeau : dénonçant le « double jeu » gouvernemental, les plus protestataires (Snesup, Sauvons la recherche) boycottent la médiatrice. Jusqu'à quand ?
En réalité, nul n'oublie que ces quelques semaines dévolues à la réécriture offrent aussi l'opportunité de passer ses idées.
La Conférence des présidents d'université, qui dit considérer, « de facto », « travailler sur un nouveau projet de décret », fourbit déjà ses propositions. Le patron de Paris-VI, Jean-Charles Pomerol, suggère par exemple d'alléger le texte et de permettre aux universités de mener des expérimentations. « Il faut une évaluation pour savoir quelles tâches exercent les gens, mais pas besoin d'une loi pour punir ceux qui ne travaillent pas assez ! Nous avons des procédures disciplinaires pour cela », explique-t-il.
Côté UMP, les députés Claude Goasguen, Benoist Apparu et Daniel Fasquelle, chargés d'une mission, ont remis hier leurs recommandations à la médiatrice. Leur projet prévoit que l'évaluation, confiée au Conseil national des universités, se fasse par disciplines et selon des critères « qualitatifs » et que le régime transitoire, « source de confusion », soit abandonné.
Une version adoucie
Les présidents d'université seraient encore chargés d'organiser les emplois du temps, mais en tenant compte des « voeux » des professeurs et de l'avis des laboratoires. Enfin, cette « modulation de service » devrait respecter le principe que « chaque enseignant ne peut se voir imposer plus que le service de base » actuel (128 heures), sauf rémunération supplémentaire. Une version adoucie de la réforme dont le gouvernement, pressé, pourrait bien s'inspirer.
LAURENCE ALBERT
Les Echos
19/02/09
No comments:
Post a Comment