***L'Oise en Île-de-France, la Somme au Nord - Pas-de-Calais. Quant à l'Aisne, elle pourrait en partie être absorbée par la Champagne-Ardenne. Depuis quelques déclarations d'éminences UMP laissant craindre son démantèlement, la Picardie est en ébullition. Les socialistes du conseil régional ont allumé le feu, la presse régionale l'a relayé, a lancé le débat, une pétition circule et les Picards s'agitent sur la Toile autour de leur « picarditude ».
La politique est souvent une affaire de petites phrases. Le premier à avoir mis le feu aux poudres est Roger Karoutchi, candidat à la candidature à la présidence de la région Île-de-France, qui a déclaré fin janvier : « L'Île-de-France exerce une forte attractivité sur l'Oise. On pourrait imaginer une zone économique comprenant le sud de l'Oise, une partie de l'Eure-et-Loir, le nord du Loiret. » Pas de quoi hurler au loup, il est vrai. Sauf que cette déclaration coïncide avec les travaux de la commission Balladur qui doit formuler, dans quelques jours, des propositions pour simplifier le mille-feuille du découpage territorial.
Dès lors, ça s'est agité. Les socialistes, en majorité au conseil régional, sont montés au créneau. Ils ont créé « Touche pas à ma Picardie ! », un groupe sur Facebook où se sont inscrites 2 000 personnes en 24 heures. Ils ont lancé une pétition qui a obtenu 25 000 signatures et ils s'apprêtent à distribuer 20 000 autocollants sur le même thème. De leur côté, Le Courrier picard et les autres médias régionaux l'ont relayée, ont posé le débat. Et alors les Picards fiers d'être picards ont exprimé ce qu'ils avaient sur le coeur. « Que les Picards se lèvent et crient leur colère ! », s'insurge entre autres centaines de commentaires sur Internet une dénommée Élodie Bardot.
Attaqué sur leur gauche, les élus UMP du conseil régional regroupés sous la bannière « Aimer la Picardie » - ça ne s'invente pas - ont essayé d'éteindre le feu, obtenant de Roger Karoutchi qu'il écrive : « Je n'ai jamais souhaité que le département de l'Oise soit rattaché à l'Île-de-France. » Quand Xavier Bertrand, élu de Saint-Quentin, dénonce un « feu de paille ». Et tous ensemble, bien embarrassés, affirment leur attachement à la région picarde et crient à la manoeuvre politicienne socialiste.
Seulement quinze régions ?
C'était compter sans Dominique Perben. L'ex-ministre, désormais membre de la commission Balladur, a déclaré il y a quelques jours dans la Gazette des communes que la commission prêchera en « faveur d'une quinzaine de régions » sur les 22 existantes. En insistant : « Nous tenons à afficher notre volonté là-dessus. » Les Picards se sont forcément sentis dans le collimateur. Car ils le savent : leur région est loin d'être la plus peuplée. Aussi, leur territoire a cette particularité que dans le sud de l'Oise, on lorgne vers la région parisienne - rappelons que le RER dessert Creil -, dans l'Aisne, on regarde vers Reims quand on habite à l'est du département. Et dans le nord de la Somme, près d'Arras ou du littoral, on est tourné vers le Pas-de-Calais. « C'est normal quand on habite aux franges d'une région », réplique une élue socialiste. Laquelle ajoute : « Ce n'est pas une question d'identité. Mais bien que le conseil régional soit supprimé, alors qu'il mène une action cohérente et pertinente à l'échelle des trois départements.
» Il n'empêche, on fait remarquer à Philippe Massein, président du groupe socialiste au conseil régional, que de telles menaces sur l'Alsace, la Bretagne ou le Nord - Pas-de-Calais sont inenvisageables. Et on le taquine encore sur le fait que chez nous, « ce serait le feu ». « Le feu couve sous la cendre », rétorque-t-il, tout sauf amusé. Même s'il sait bien que c'est loin d'être fait.
PAR LAURENT DECOTTE
La Voix du Nord
samedi 21.02.2009
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