Monday, February 16, 2009

****Pour un 9 mai férié dans toute l’Europe! : Lettre au Président de la République****




***De : Mouvement Européen-France
Présidente Sylvie GOULARD
&
Jeunes Européens-France
Président Nicolas Jean

"Acte manqué ? Acte délibéré ? Les experts de la mémoire ont eu un trou de mémoire.
Les conclusions de la « commission de réflexion sur la modernisation des commémorations
publiques » sont singulières. Alors qu’elle avait notamment pour mission de mieux impliquer les
jeunes générations, elle a proposé de ne retenir que trois dates, le 14 juillet, le 11 novembre et le 8
mai.

Comme si, depuis mai 1945, rien ne s’était passé qui fût digne d’être célébré ! Comme si la
déclaration par laquelle, le 9 mai 1950, Robert Schuman a lancé une révolution sans équivalent dans
l’Histoire de l’humanité, ne méritait pas considération ! Qu’un Français, un Européen, ait prôné la
solidarité contre la vengeance, qu’il ait gagné la confiance des ennemis d’hier au point de mettre en
commun les industries de guerre, qu’une Communauté solidaire en soit issue, faut-il que jamais nos
enfants, ni le reste du monde, n’en entendent parler ? De quoi avons-nous peur ? De quoi avons-nous
honte ?

Vis-à-vis de nos aînés comme des jeunes générations, nous n’avons pas le droit d’arrêter l’Histoire en
1945, ni de faire l’impasse sur la construction européenne.

Dans leur tranchée, les poilus se battaient pour que cette boucherie soit « la der des der ». D’où
l’importance de rappeler à la fois leur immense sacrifice et la portée du geste de François Mitterrand
et Helmut Kohl se recueillant côte à côte à Verdun. De même, bien des résistants français, allemands,
italiens ont combattu le nazisme en ayant pour espoir de bâtir une Europe unie, libérée du
nationalisme. Un lien existe entre le 11 novembre, le 8 mai et le 9 mai ; la grandeur de Schuman tient
à ce que, né dans la Lorraine annexée par le Reich après la guerre de 1870, député de la Chambre
« Bleu horizon » en 1919, il n’ait pas répété les erreurs des années vingt, ni pensé que la fin des
combats suffisait à assurer la paix. C’est en refusant d’humilier les vaincus, c’est en tenant compte de
l’existence d’intérêts communs aux différents peuples européens qu’il a pu convaincre Adenauer,
Spaak, De Gasperi et d’autres encore. Ensemble, ils ont obtenu ce que les armistices seuls n’auraient
jamais apporté : une sécurité durable.

Entre une « identité nationale » et une « identité européenne », personne ne nous oblige à choisir.
Les deux dimensions se prolongent et se nourrissent mutuellement. La photographie officielle du
Président Sarkozy posant à côté du drapeau tricolore et du drapeau étoilé, le rappelle avec force :
depuis des décennies déjà, la France est engagée dans la construction d’une Union sans cesse plus
étroite.

Vis-à-vis des jeunes qui considèrent la paix comme allant de soi, il est urgent de moderniser les
commémorations, de les ouvrir à notre temps. A l’heure d’Internet et des réseaux interactifs, comment
croire à des célébrations éternellement jouées sur le même mode ? Personne ne peut faire sienne
une mémoire abstraite, au parfum de fleurs fanées. Montrons à nos enfants ce que des yeux
préservés du spectacle de l’horreur finissent par ne plus voir : la fragilité de la vie ; le caractère
éphémère des œuvres humaines, Union européenne comprise. Apprenons-leur que l’Europe unie
n’était, pour ses concepteurs, ni une bureaucratie, ni un marché, mais la foi dans des valeurs
partagées et la volonté de « contribuer à un monde meilleur » (Jean Monnet).

Si le 9 mai devenait, dans toute l’Europe, un jour férié pour, à la fois, commémorer les morts de la
Seconde Guerre mondiale mais aussi célébrer le lancement de la construction européenne, nous
pourrions aller à la rencontre les uns des autres. Les télévisions et les radios, les sites Internet et les
journaux pourraient être mobilisés spécialement. Ce serait une occasion de mieux se connaître, de
remiser quelques préjugés, de débattre ouvertement, par delà les frontières de ce qui nous passionne
et ce qui nous chagrine, de ce que nous voulons préserver, de ce qu’il faut changer. Et peut-être les
Français comprendraient-ils mieux l’immense succès que représente l’unification du continent. Car
depuis 1945, l’Europe a aussi facilité l’avènement de la démocratie dans les pays du sud, libérés des
dictatures, et en Europe centrale et orientale, après la chute du communisme.

Enfin, autant les célébrations exaltant le passé défunt excluent ceux dont les parents et grands-
parents n’étaient pas français, autant l’adhésion à un projet vivant peut rassembler. Les enfants
d’origine étrangère se sentiraient plus à l’aise dans une nation française qui se tournerait résolument
vers l’avenir.

En commémorant, le 9 mai, à la fois la fin de la Seconde Guerre mondiale et la naissance de l’Europe
unie, les jeunes Européens sauraient d’où ils viennent, à qui ils doivent leur liberté tout en mesurant
ce que l’Europe attend d’eux : un comportement responsable, destiné à faire fructifier un héritage
exceptionnel. Un grand nombre d’entre eux sont sûrement prêts à s’engager, à participer à des projets
transfrontaliers ; encore faut-il leur en donner l’occasion. Et ils se rendraient ainsi compte que, loin
d’être rébarbative et compliquée, l’Europe peut être attachante et joyeuse.

Face à la montée des nationalismes et des intégrismes, devant la tentation persistante de certains
régimes de recourir à la force, nos enfants pourraient peut-être avoir, un jour, à défendre l’Union
européenne. Donnons-leur déjà une chance de la découvrir et de l’aimer".

Mouvement Européen-France
95 rue de Rennes
75006 Paris
Tél. : +33 (0)1 45 49 93 93 – Fax. : +33 (0)1 45 49 96 65
E-mail : contact@mouvement-europeen.eu – Site Internet : www.mouvement-europeen.eu


***Membre du Mouvement Européen-France & de
Jeunes Européens-France***

Bien à vous,

Morgane BRAVO
http://fr-fr.facebook.com/pages/Morgane-BRAVO/42491554804

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