Monday, March 30, 2009

*UMP et PS peinent à lancer leur campagne européenne...*

***Les deux partis redoutent le désintérêt des électeurs dans un scrutin marqué traditionnellement par une forte abstention.

C'est quand les européennes ? Le 7 juin. Si la date est bien entrée dans l'esprit des dirigeants de l'UMP et du PS, l'électorat est encore loin d'y penser. Généralement, ce scrutin, défavorable aux grandes formations, intéresse peu les Français : l'abstention est forte, avec par exemple 57,24 % aux européennes de 2004. En période de crise sociale et économique, personne ne peut encore dire si les Français bouderont les urnes ou si, au contraire, ils s'en serviront comme d'un défouloir.

Les états-majors de l'UMP et du PS commencent à s'organiser et se demandent comment faire campagne dans ce contexte. «Pour les militants, le vrai sujet aujourd'hui ce n'est pas qui sera sur les listes, mais bien ce que l'on va faire.» Le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, en est convaincu et a décidé de remettre la présentation des listes pour les européennes de juin «à plus tard, beaucoup plus tard». D'ici là, priorité au programme avec pour base de départ un document préparé par Michel Barnier, tête de liste en Ile-de-France et coordinateur de la campagne. Bertrand a ainsi réuni samedi à l'UMP les huit têtes de liste, en présence du secrétaire d'État à l'Europe, Bruno Le Maire, de l'ancien commissaire européen Jacques Barrot et du conseiller de l'Élysée Pierre Giacometti pour quatre heures de séminaire.

«Risque de dispersion des voix»
L'objectif pour le parti présidentiel est de «parler tout à la fois à la France du oui et à celle du non», clivage que le contexte de crise ravive. Le secrétaire général de l'UMP souhaite «une Europe qui protège et qui doit changer». Un premier tract devrait apparaître sur les marchés en avril. Un site Internet spécial européennes sera également lancé. Nicolas Sarkozy sera mis à contribution à travers plusieurs temps forts, dont une rencontre avec Angela Merkel à Berlin. L'UMP compte également «capitaliser sur la présidence française de l'Union». Même si, reconnaît-on à l'Élysée, «c'est déjà loin dans l'esprit des Français».

«Ils n'ont pas vraiment la tête à l'Europe en temps normal et encore moins dans cette période de crise», déplore un conseiller du président qui compte également sur la fin du G20 et la visite d'Obama la veille de l'élection pour faire la différence. «Le risque avec ce type d'élection, c'est qu'à mesure que les listes se constituent et se lancent dans la bataille, les grands partis voient leurs sondages s'effriter, explique un conseiller de l'Élysée. Pour être sûr de faire un bon score, il faut partir de haut, ce qui est le cas aujourd'hui, mobiliser notre électorat et partir tôt.»

Au PS, on part d'un peu plus bas et on cherche comment mobiliser plus. Les premiers sondages donnent toujours l'avantage à la droite. Il y a de quoi s'inquiéter. «Il y a un risque de 21 avril, c'est-à-dire de dispersion des voix», confie Vincent Peillon, candidat dans le Sud-Est. Pour éviter l'éparpillement, le PS cherche le bon mot d'ordre. Lors du dernier bureau national, le porte-parole Benoît Hamon a suggéré d'offrir, à l'occasion des européennes, «un débouché politique au mouvement social». Dimanche sur Canal +, il a complété sa pensée : il faut «convaincre les Français que c'est le moment de sanctionner ce gouvernement, mais sans se disperser.

Parce que si on veut sanctionner, dire qu'on est mécontent, mais qu'on se disperse, le vainqueur, ce sera Sarkozy», a-t-il expliqué. Mais la thèse du vote sanction ne convainc pas tout le monde au PS. «C'est un argument qu'il faut utiliser en fin de campagne», assure un membre du bureau national. «Pour l'instant, il faut parler d'Europe.» Sur ce terrain, la gauche veut promouvoir des idées, notamment «l'Europe qui protège». Comme à droite. Avec ces élections, les visions opposées au sein du PS sur l'Europe se sont réconciliées. La campagne proprement dite commencera le 24 avril à Lille pour un premier meeting. En attendant, les candidats commencent déjà à labourer le terrain.

Nicolas Barotte et Jean-Baptiste Garat
Le Figaro
30/03/2009 |

No comments: