***INTERVIEW - Le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand défend le projet de réforme territoriale et critique «les immobiles et les corporatistes».
LE FIGARO. - Quel regard portez-vous sur les polémiques qui entourent le rapport Balladur ?
Xavier BERTRAND. - Elles ne reposent que sur des mensonges et des contrevérités. La réforme des collectivités locales ne doit pas être l'otage de l'opération de manipulation orchestrée par les immobiles et les corporatistes que sont les socialistes. L'objectif est de faire plus simple, plus efficace, plus accessible et surtout moins cher que ce qui existe. Le comité présidé par Édouard Balladur, qui a effectué un travail important et intelligent, propose un changement en profondeur. L'UMP veut apporter à ces propositions le soutien populaire du mouvement. Nous lançons donc dès demain un débat national sur cette réforme. Dominique Perben, Jean-Patrick Courtois et une équipe d'élus, parlementaires et non parlementaires, animeront ces réunions publiques.
Élu picard, êtes-vous favorable au démembrement de votre région ?
Il n'a tout simplement jamais été question de démembrement! Tout cela relève de la manipulation des élus socialistes de Picardie qui n'ont rien fait pendant cinq ans sinon augmenter les impôts locaux ou faire parler d'eux devant les tribunaux. L'arbitraire n'a jamais été la règle pour les questions des collectivités locales et ne le sera pas davantage demain. Mais si la question du périmètre de la région en Picardie ou ailleurs se posait, je ne laisserais pas les seuls conseillers généraux et régionaux socialistes décider pour tous. Je demanderai un référendum consultatif, département par département, car c'est un débat pour les élus, certes, mais pas un débat pour les seuls élus.
Au PS, on s'interroge notamment sur l'opportunité d'une telle réforme en temps de crise…
Si les entreprises qui souhaitent se développer avaient un interlocuteur unique au département et à la région, tout le monde s'en porterait mieux. Mais l'entrepreneur se perd dans le mille-feuille politico-administratif. Des communes à l'Europe, sept strates se superposent. Et même quand tous s'entendent, cela reste deux fois plus long, de voir aboutir un projet, qu'à l'étranger! Il faut mettre fin aux doublons de services qui compliquent la vie de tout le monde et nous coûtent très cher.
Faut-il diminuer le nombre d'élus pour faire des économies ?
Il ne faut pas le nier, on va vers une diminution importante du nombre des conseillers généraux et régionaux. Même au sein de notre famille politique, il va falloir convaincre, et les élus devront faire des efforts. Mais le cœur de la réforme, c'est le rapprochement département-région, qui permettra de mieux prendre en compte les attentes de la population. En proposant un seul et même élu, la proximité se trouvera renforcée.
Êtes-vous favorable à la disparition des cantons et à la mise en place d'un scrutin de liste pour ces conseillers territoriaux ?
Je souhaite un maintien du lien entre le territoire, la population et l'élu. Il faudra certainement revoir les limites du découpage actuel, qui est très ancien. Quant au mode de scrutin, il ne pourrait être qu'une conséquence de la réforme.
Êtes-vous confiant sur l'avenir de cette réforme ?
Le statu quo est impossible. Nous avons une occasion inespérée de montrer que cette réforme n'est plus un serpent de mer. Ce sont des propositions qui vont loin - tant mieux -, qui vont en profondeur - tant mieux -, et tant pis pour les immobiles et les corporatistes. Je crois d'ailleurs qu'il n'est pas trop tard pour parvenir à un accord entre toutes les parties. Quand on y regarde bien, il y a place dans cette réforme pour un consensus.
Propos recueillis par Jean-Baptiste Garat
Le Figaro
04/03/2009
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