Monday, March 16, 2009

*Sarkozy archi prêt à rempiler...*

***Elysée : Devant des architectes, le chef de l’Etat se souhaite dix ans pour réaliser le Grand Paris :

Il sera là, à l’Elysée, à la tête du pays. Longtemps. Bien au-delà des cinq ans de son premier mandat de Président. Pour mener jusqu’au bout son «projet phare». C’est en tout cas ce qu’ont entendu les architectes reçus par Nicolas Sarkozy pendant une heure et demie, vendredi après-midi à l’Elysée, pour donner le feu vert au Grand Paris.

«J’espère que vous m’aiderez à être réélu parce qu’il faut du temps pour faire tout ça», ont entendu certains de ses invités. A-t-il simplement lâché la remarque que «cinq ans ne suffiront pas» pour réaliser ses grands travaux ? Les formulations diffèrent, mais une chose est certaine : en l’absence de la presse à cette réunion au sommet, le Président s’est laissé aller à la confidence sur sa volonté de rester à l’Elysée au-delà de 2012.

«Réveiller». L’occasion justifiait un tel engagement : le remodelage de la région parisienne, entreprise «qui lui tient à cœur au plus haut point», est une telle ambition que lui seul peut porter ce projet. «Pour faire le Grand Paris, il faut être président de la République. J’ai toujours voulu le faire, a dit Nicolas Sarkozy aux architectes. C’est un projet structurant la métropole.» Dans l’enthousiasme, le chef de l’Etat a parlé de son projet pour Paris comme ce qui «restera de sa présidence». Et le chef de l’Etat d’expliquer : «Je veux réveiller mon pays… La crise est une opportunité. Il faut faire en dix ans ce qu’on n’a pas fait depuis cent cinquante ans.» Dix ans, soit le temps de deux mandats.

Comme ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy raffole de ce petit jeu qui consiste à souffler le chaud et le froid, en fonction de ses interlocuteurs, sur ses intentions de faire un second mandat. Très vite après son élection, en mai 2007, il a commencé à aborder le sujet. Pour dire que sa charge était immense et que son seul but était l’action : «le temps que l’on passe à durer, on ne le passe pas à agir», répétait-il à l’envi en visant Chirac et ses 40 années de vie publique. Avec une pointe de mégalomanie, Sarkozy se plaisait alors à entretenir l’idée qu’il ne ferait peut-être qu’un mandat, mais quel mandat ! Pour souligner la particularité de ce «Président pas comme les autres», ses plus proches collaborateurs ont abondamment relayé cette thèse selon laquelle il était possible qu’il ne se représente pas. Sans vraiment y croire eux- mêmes. Quant aux briscards de la politique à qui Sarkozy s’est amusé à servir ses envies de «faire de l’argent dans le privé», ou de «profiter ensuite de la vie» avec sa femme, Carla, ils n’en ont pas cru un mot et sortaient de son bureau avec le sentiment d’avoir écouté une histoire pour enfants.

Après-crise. Lors de sa dernière grande émission télévisée, le chef de l’Etat a de nouveau été interrogé sur ses intentions pour 2012. Sans surprise, il a botté en touche avec un air pénétré pour expliquer que «Oh que oui!» il avait des doutes sur une nouvelle candidature. «Aucun engagement, ni dans un sens ni dans un autre», avait-il aussi lancé après avoir expliqué combien son métier était difficile.

En privé pourtant, ce n’est plus du tout le même couplet. Nicolas Sarkozy ne cache pas ses intentions d’être candidat en 2012. Il l’a dit à plusieurs de ses ministres et autres visiteurs et se projette souvent sur une décennie quand il évoque l’après-crise ou ses chères réformes. A l’entendre, personne ne serait de toute façon à la hauteur de la fonction à gauche comme à droite. Il faudrait donc qu’il se «sacrifie»… Sa reprise en main de l’UMP, où il a placé à sa tête Xavier Bertrand, traduit sa volonté d’avoir une machine à sa botte pour la prochaine présidentielle. Le nouveau secrétaire général du parti se verrait d’ailleurs bien à Matignon en début de second mandat sarkozyste pour services rendus au chef. Quant aux autres ambitieux, comme Jean-François Copé, ils ont déjà intégré qu’il fallait passer leur tour en 2012 et se préparer pour 2017. La sagesse même.

ANTOINE GUIRAL et ANNETTE LEVY-WILLARD

Libération
16/03/2009

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