Wednesday, July 1, 2009

*Affectée par la crise, la Défense devient le chantier prioritaire du Grand Paris...*

***Du haut du 38e étage de la tour First, immense carcasse de béton, en pleine reconstruction, à Courbevoie (Hauts-de-Seine), Nicolas Sarkozy s'est penché, mardi 30 juin, sur l'avenir du Grand Paris, vu cette fois de La Défense. "La crise nous donne l'obligation d'agir", a lancé le chef de l'Etat après avoir salué les ouvriers casqués de Bouygues, à la façon d'un général en chef venu galvaniser les troupes.

Il y a urgence. Le quartier d'affaires de l'ouest parisien, coeur du fief sarkozyste, ne parvient pas à commercialiser les 450 000 m2 de nouveaux bureaux autorisés par le "plan de renouveau" conçu par M. Sarkozy en 2006. Les projets de nouveau gratte-ciel, comme la tour Signal assignée à Jean Nouvel, cherchent des investisseurs. L'Etablissement public d'aménagement de La Défense (EPAD), présidé par le patron du conseil général, Patrick Devedjian anticipe un déficit de 150 millions d'euros du fait de la baisse des recettes tirées des opérations immobilières. Les finances départementales risquent de souffrir de la baisse des droits de mutation et de taxe professionnelle.

Pour sauver la Défense, il faut lui redonner du "sens", a estimé M. Sarkozy, devant près d'un millier de personnes invitées par l'Elysée au CNIT à assister à une "table ronde" sur l'avenir du quartier d'affaires. La City de Londres ayant périclité depuis la crise, la Défense a vocation à "prendre sa place", a expliqué le chef de l'Etat. Elle en a les moyens grâce à la concentration sur place de banques (Société générale), d'assureurs (Axa) et à l'installation des étudiants en finances de l'université de Dauphine, activement souhaitée par M. Devedjian au Pôle universitaire Léonard-de-Vinci, alias "la fac Pasqua".

M. Sarkozy veut surtout accélérer les projets de nouvelles dessertes de La Défense Pour prolonger le RER E à l'ouest, le président de la SNCF, Guillaume Pépy, a promis "d'avancer tout schuss" avec ses partenaires. Pierre Mongin, le patron de la RATP, s'est dit "prêt" à faire le premier le tronçon de métro automatique à l'ouest de la capitale.

Pour ce futur métro en rocade autour de Paris qui devra être en service "en 2017", a promis M. Sarkozy, "dix tunneliers travailleront en même temps" et "une trentaine de nouvelles gares" seront construites avec, autour de chacune, des "règles d'urbanisme assouplies" pour encourager les promoteurs, a-t-il expliqué. "Nous prélèverons une taxe sur la valorisation des m2 construits autour des gares pour financer les nouvelles infrastructures", a précisé M. Sarkozy.

Une loi devrait être votée à l'automne pour accélérer les procédures de lancement des chantiers de transports. Une société à capitaux publics assurera la maîtrise d'ouvrage du futur métro en rocade en associant l'Etat, la Région et les communes. Convié à la table ronde, Jean-Paul Huchon, le président (PS) de la région Ile-de-France a pu faire valoir ses projets de financement des transports. "Je n'ignore pas qu'il y a des élections. Mais si on doit attendre qu'elles soient passées pour travailler ensemble, on peut attendre longtemps", lui a lancé M. Sarkozy sous le regard un peu interdit de Valérie Pécresse, candidate UMP aux régionales en Ile-de-France.

En revanche, le maire PCF de Nanterre, Patrick Jarry, a dû se contenter d'une place dans le public. "Sarkozy ne cherche qu'à rajouter des tours aux tours pour combler le déficit de l'EPAD", déplorait-il dans les couloirs, alors que le président de la République veut réunir La Défense et Nanterre dans un seul établissement d'aménagement, sous l'égide de l'Etat.

Béatrice Jérôme
Le Monde
02.07.09.

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