***Le président prononce mercredi un discours sur l'avenir de la métropole parisienne.
À chacun sa pyramide. François Mitterrand a bataillé pour imposer celle de Pei au milieu de la cour du Louvre. Nicolas Sarkozy a choisi de ne pas jeter son dévolu sur un monument qui symboliserait son «règne». C'est sur la métropole parisienne, dans son ensemble, qu'il veut apposer sa signature. Le Grand Paris, dont il dévoile mercredi les contours dans un discours à la Cité de l'architecture. Là même où il avait réuni, en novembre 2007, un séminaire avec les grands architectes de la planète. «Les architectes ont plaidé que le temps n'était plus à l'embellissement des centres-villes, mais à la réparation du lien entre les cœurs de villes et les banlieues», commente son conseiller pour l'Éducation et la Culture, Dominique Antoine, en rappelant que l'ancien président du conseil général des Hauts-de-Seine, qui a suivi de près les aléas de l'aménagement des anciens terrains Renault de l'île Seguin, a depuis longtemps une vision d'aménageur des alentours de Paris.
Parallèlement à ce travail des architectes, dont les projets sont aujourd'hui présentés, le chef de l'État avait nommé il y a un an un secrétariat d'État en charge du «développement de la région capitale», confié à Christian Blanc.
«Intégration de la banlieue à Paris»
Jacques Chirac, déjà, s'était éloigné du culte du monument - à l'exception du Musée des arts premiers - et il avait défendu «trois grands chantiers qui ne sont pas de pierre » - la lutte contre le cancer, contre la violence routière et l'aide aux handicapés. Nicolas Sarkozy ne veut pas non plus d'un chantier de pierre, mais révolutionner le lien entre Paris et la banlieue. Aujourd'hui, assure son entourage, le président devrait dire son intention de «mettre fin à la banlieue, afin de l'intégrer à Paris». Ce projet titanesque, il doit désormais le transformer en réalité.
C'est tout l'enjeu. «Il nous faut maintenant passer de la mystique à la politique», explique un collaborateur en citant Péguy. Susciter l'adhésion des Franciliens pour «faire plier» les élus de tous bords. Nicolas Sarkozy souhaite «parler d'abord du projet» , avant d'évoquer la question de son pilotage et de sa «gouvernance». Il n'en parlera d'ailleurs pas dans son intervention, mercredi après-midi. «La gouvernance n'intéresse pas vraiment les habitants mais plutôt les élus», fait-on savoir à l'Élysée. Pas question non plus de «déchaîner les passions» alors que se profilent les élections régionales… Fusion des départements, comme l'a proposé le comité Balladur, ou syndicat Paris Métropole, selon le projet de Bertrand Delanoë : le sujet n'est donc pas d'actualité. Ce qui est à l'ordre du jour, c'est la recherche du consensus. Entre les architectes d'abord. Nicolas Sarkozy ne va pas désigner des vainqueurs et des perdants. «Ce n'était pas un concours», rappelle-t-on. Il va rendre un hommage à leur travail qui se poursuivra dans un atelier commun. Le président expliquera aussi que l'on peut conjuguer une très grande densité urbaine avec des modes de fonctionnement durables. Parmi les «idées vertes» qui ont retenu l'attention, celle d'une «ville végétalisée par les toits». Parmi d'autres idées, celle de «rhabiller des tours à l'apparence banale pour les rendre esthétiques. C'est moins coûteux, dit-on, que de détruire et reconstruire».
Dans les transports, Nicolas Sarkozy dira aussi sa volonté de concilier les projets de la région Ile-de-France et ceux de Christian Blanc. Le métro imaginé par son ministre chargé du développement de la région capitale, souterrain, rapide, en «grand huit», long de 130 km, traversant Paris et desservant les territoires de développement sera présenté comme complémentaire du réseau de RER et tramway planifié par la région. «Pas question, dit-on, de remplacer un plan par un autre». De la souplesse, Nicolas Sarkozy va aussi dire son intention d'en faire preuve en matière de logement. Objectif : déréguler pour faciliter la construction.
Charles Jaigu
Le Figaro
29/04/2009
No comments:
Post a Comment