***Le secrétaire d'Etat en charge du Grand Paris est furieux des modifications apportées à son projet par le premier ministre et demande qu'on reprenne ses propositions. Matignon refuse et maintient son arbitrage.
Christian Blanc défie François Fillon. Le secrétaire d'Etat au Développement de la Région capitale a rendu publique mercredi une lettre dans laquelle il accuse le premier ministre de n'avoir pas respecté son travail sur le Grand Paris souhaité par Nicolas Sarkozy, qui lui a confié ce seul dossier en le nommant au gouvernement.
En cause, le projet de loi, qui définit une série de grandes orientations pour la région parisienne. Fin août, Christian Blanc a remis à Matignon une série de propositions issues de ses travaux au niveau interministériel. Mais les services du premier ministre ont corrigé sa copie avant de la transmettre au Conseil d'Etat, qui doit valider le principe de la loi avant son vote.
«Ma surprise fut grande ce matin de lire un texte transmis au Conseil d'Etat s'écartant de façon très substantielle des conclusions de la réunion interministérielle du 25 septembre et introduisant même dans le texte des dispositions -jamais discutées- portant atteinte à l'économie générale du projet de loi au point de risquer de le rendre incohérent avec toute l'action que j'ai conduite depuis dix-huit mois», écrit Christian Blanc, qui a transmis une copie de sa lettre au secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant.
Fillon avait tenté de déminer le dossier
Très remonté, le secrétaire d'Etat lance ensuite au chef du gouvernement : «J'estime que le document transmis à votre cabinet [...] est le seul document qui puisse être transmis au Conseil d'Etat». Avant de conclure : «Je vous demanderais de surseoir à la transmission au Conseil du document amendé par votre cabinet sous sa seule responsabilité». Un ton qu'on emploie plutôt envers un subordonné, tempéré cependant d'un «fidèlement» ajouté à la main à la fin de la lettre.
Parmi les griefs détaillés par Christian Blanc, «le champ de la loi» qui porte, selon lui, «atteinte à la décentralisation dans le domaine des transports». Ensuite, sur «les procédures de consultation du public», il fait valoir que la rédaction finale «n'a fait l'objet d'aucune discussion préalable». Enfin, il regrette que ne figure pas dans le texte «la clarification de l'articulation du rôle de la société du Grand Paris et des compétences du préfet de région».
François Fillon s'est emparé du dossier Grand Paris à la rentrée, notamment pour déminer le terrain, suite à un tollé d'élus de gauche comme de droite, qui accusaient Christian Blanc d'avoir mal mené la concertation. Ils reprochaient également à son texte final d'être trop «recentralisateur» et trop centré sur des «procédures d'exception». C'est dans ce sens que Matignon avait tenté de remanier le texte, en ajoutant par exemple que le futur réseau de transport devra être «établi après concertation avec les collectivités territoriales».
Après son coup d'éclat, Christian Blanc a fait savoir par son cabinet qu'il n'était «ni de près ni de loin question» que celui-ci «démissionne». Quant à François Fillon, son entourage explique qu'il ne lâchera pas. «Le texte qui a été transmis au Conseil d'Etat est celui qui a été arbitré par le premier ministre. C'est la règle», assure un proche. Selon lui, François Fillon aurait appelé Christian Blanc depuis. On ignore ce que les deux hommes ont bien pu se dire.
S.L.
Le Figaro avec AFP
30/09/2009
No comments:
Post a Comment