***Jeudi soir, dans «A vous de juger», Arlette Chabot recevait Xavier Bertrand, Martine Aubry, Olivier Besancenot, Jean-Luc Mélenchon, Daniel Cohn-Bendit, Marine Le Pen et Philippe de Villiers. Mais le débat a tourné au pugilat.
EXCLUSIF - Dans une interview au figaro.fr, la directrice de l'information de France 2 revient sur le déroulement de son émission «A vous de juger», lors de laquelle les invités se sont livrés à une foire d'empoigne, et dénonce «l'attitude irresponsable de certains».
Lefigaro.fr : Vous avez animé quasiment la seule émission télévisée consacrée aux élections européennes, et elle s'est transformée en pugilat. Regrettez-vous d'avoir animé ce débat ?
Arlette Chabot : Sûrement pas. Je ne regrette rien. Notre émission s'inscrivait dans un devoir de service public. J'avais déjà réalisé plusieurs débats de ce genre par le passé, avec huit invités en plateau, et ça s'était très bien passé. Maintenant, si certains politiques ne jouent pas le jeu et s'amusent à faire les perturbateurs de service, à tout commenter, à interrompre les gens, le tout sur un ton insupportable, ça pose un vrai problème. Quand on [Jean-Luc Mélenchon, ndlr] me dit «Allez au diable», je trouve ça indigne de sa part.
Aujourd'hui, Jean-Luc Mélenchon vous accuse d'avoir «fait tourner le débat à la foire d'empoigne» et estime que «le service public de l'audiovisuel se comporte d'une manière indigne depuis le début de la campagne». Que lui répondez-vous ?
Je ne vais rien lui répondre. Je n'ai aucune envie de polémiquer. Je constate en tout cas qu'à l'inverse d'Olivier Besancenot, de Martine Aubry ou de Xavier Bertrand, qui étaient à sa table, il n'arrêtait pas de gêner la compréhension du débat pour les téléspectateurs et pour tout le monde…
Vous qui êtes rodée à ce genre de débat politique, aviez-vous déjà vécu une pareille expérience ?
Jamais. J'ai déjà connu des échanges violents sur des plateaux, mais ça restait de la politique. Hier, on n'était plus dans ce cadre là. Les gens s'interpellaient, s'interrompaient, ricanaient… Un certain nombre d'invités ont eu une attitude irresponsable. A mon avis, ça entache l'image de la politique. Et personnellement, je le regrette. Après, pour ce qui est de l'échange entre Bayrou et Cohn-Bendit, ça ne regarde qu'eux.
Jean-Luc Mélenchon, Philippe De Villiers, Marine Le Pen… Tous s'en sont pris à vous sur le sondage que vous avez diffusé dans l'émission, vous accusant notamment directement ou indirectement de proximité avec Nicolas Sarkozy. Comment l'avez-vous vécu ?
Insinuer que les sondages réalisés par l'institut TNS-Sofres pour le service public sont commandés par l'exécutif, c'est juste indigne et inacceptable, encore une fois.
Que retenez-vous de cette émission ?
Quand on est huit, d'opinions différentes, on se doit de maîtriser ses nerfs et garder son calme. C'est un peu comme lors des questions au gouvernement à l'Assemblée, quand certains perturbent systématiquement les discussions en criant, en tapant des pieds… Si un débat comme celui que nous avons organisé se déroule dans le calme, il peut être très instructif. Dans le cas inverse, ça tourne au ridicule.
Votre but, c'était notamment d'éclairer les électeurs dans la campagne, et éventuellement de les inciter à voter. Pensez-vous que votre émission a atteint son objectif ?
Non, je l'ai dit dès la fin de l'émission. Le débat était fait en deux parties, tout était clair dès le début. Il y avait un équilibre au niveau des invités, un équilibre gauche-droite, un équilibre oui-non en 2005… Si tout le monde avait joué le jeu, on aurait pu avoir un débat intéressant sur la construction européenne, sur la campagne, etc. Là, c'est clair, ça n'a pas été le cas.
Recueilli par Bastien Hugues
Le Figaro
05/06/2009
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