Monday, December 15, 2008

*LeWeb'08 dégénère en affrontement entre l'Europe et les États-Unis*


***Deux poids lourds de la blogosphère, le Français Loïc Le Meur et le fondateur de TechCrunch Michael Arrington, ont échangé aigreurs et menaces suite à la conférence LeWeb'08 qui se tenait la semaine dernière à Paris. Retour sur un week-end agité.

LeWeb08 : face à la crise, le secteur se veut philosophe
Les Européens sont fainéants et les Américains arrogants. Voilà, à peine caricaturé, ce que l'on risque de retenir de la conférence LeWeb08, qui réunissait la semaine dernière plus de 1700 professionnels d'internet à Paris. Le week-end a en effet été marqué par une algarade entre deux blogueurs vedettes qui, par billets interposés, a terni l'image de la conférence et suscité un flot de réactions. Simple querelle d'ego ou vrai malaise dans les relations entre le web européen et américain ? Voici un résumé en trois actes de l'attraction du week-end.

Acte I
Michael Arrington, fondateur de TechCrunch dont le blog fait la pluie et le beau temps dans la Silicon Valley, revient samedi sur une conversation tenue lors du Web08, la conférence organisée quelques jours plus tôt à Paris par Loïc Le Meur.
Son idée se résume en quelques mots : "la vie est belle à Paris". On y boit du bon vin, dans d'excellents restaurants. Mais à l'heure de lutter contre les géants du web américain, ces repas de deux heures ne suffisent pas à être performants. "Skype (acheté par eBay) et MySQL (acheté par Sun) en sont deux exemples récents", écrit-il.
Et Arrington d'enjoindre les organisateurs de la conférence à inviter davantage d'entrepreneurs européens qui raconteraient comment ils ont surmonté la culture locale pour réussir. "La joie de vivre, c'est bien lorsque l'on a vendu sa start-up que l'on a une maison de campagne dans le Sud de la France. Mais en attendant, retournez bosser", lance-t-il.

Acte II
Tandis que les réactions affluent sur TechCrunch, Loïc Le Meur visiblement piqué au vif répond par un billet sur son blog et pose la question : "Michael Arrington doit-il être à nouveau invité à LeWeb l'an prochain ?". D'emblée, le blogueur souligne l'arrogance de son partenaire américain, qui l'avait enjoint à quitter la scène lors d'une interview de Marissa Mayer, en charge de la recherche chez Google.
L'essentiel tourne cependant, à nouveau, sur les différences de culture entre l'Europe et les États-Unis. D'un côté, on irait droit au but, jusqu'à l'obsession. De l'autre, on saurait prendre son temps pour apprendre à connaître son interlocuteur. Ce qui n'empêcherait pas de connaître quelques succès, tels que Meetic et Vente-privée, dont les fondateurs étaient présents cette année à la conférence, et ignorés dans la couverture de TechCrunch.
"Franchement, ce débat Europe-US n'est plus très pertinent", nuance toutefois Le Meur, qui se veut l'organisateur d'une conférence internationale, où l'Asie gagnerait une présence accrue. Et où ses "amis Américains" resteraient accueillis du mieux qu'il le peut.

Acte III
Michael Arrington rétorque au billet de Le Meur, et évoque rien moins que le risque d'une "censure" et d'un "dangereux précédent", s'il venait à être déclaré persona non grata à la suite des propos tenus lors de la conférence. "J'attendais mieux de la communauté européenne", regrette-t-il, dans un billet qui déclenche à nouveau plusieurs centaines de commentaires et continue d'alimenter les reprises sur d'autres blogs.
Dans les réactions, le même Arrington lance l'idée d'une autre conférence qui se tiendrait désormais à Londres la même semaine que LeWeb... avant d'indiquer qu'il s'agissait d'une plaisanterie. Puis il affirme qu'il ne couvrira plus l'événement si ses blogueurs ne disposent pas du traitement réservé à la presse et jure ne pas être celui qui a déclenché les hostilités.
"Tout cela va certainement trop loin", réagit Ouriel Ohayon, qui gère le blog de TechCrunch en français. "Je crois qu’il y a une grande part de second degré dans tout cela et que les lecteurs y prêtent plus de sérieux qu’il en a l‘air", ajoute-t-il, espérant qu'il s'agit d'un "un spectacle que tout le monde aura oublié dans quelques jours".

Benjamin Ferran
14/12/2008
L'Expansion

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