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Sunday, July 13, 2008
*L'UMP cherche toujours le bon réglage*
***Le secrétaire général et ses trois adjoints peinent à redonner au parti son dynamisme d'avant la présidentielle.
«Il n'y a jamais de mauvais employés, il n'y a que des mauvais patrons !» Ce slogan a d'habitude les honneurs des manifestations. Mais aujourd'hui, il est asséné par un cadre de l'UMP. «Je suis triste de ce que notre parti est en train de devenir, explique-t-il. Ils retournent à leurs anciennes lubies. On se balance à nouveau à la figure les étiquettes RPR, UDF ou DL, pour toute explication.» Inquiétude isolée d'un salarié militant dans un parti qui ressemble à une grosse entreprise ? Pas vraiment. «On a demandé à tout le monde de se calmer, raconte un autre. Sur le terrain, les militants et les cadres locaux ne comprennent plus ce qui se passe Rue la Boétie», au siège de l'UMP. La parution dans la presse, ces derniers jours, de plusieurs échos stigmatisant les uns, les autres et le plus souvent Patrick Devedjian n'est pas faite pour les rassurer.
En la matière, les critiques à l'encontre du secrétaire général de l'UMP ne sont pas nouvelles. «Il y a un problème structurel avec Patrick Devedjian», affirme un ministre. «On fait illusion mais tout cela n'est pas très efficace», se plaint un dirigeant politique. «La direction est complètement verrouillée et rien ne semble pouvoir la faire varier», ajoute un cadre.
Rien qui puisse tourmenter outre mesure Patrick Devedjian, qui dit appartenir «à la droite de résistance ».«On me reproche tout et son contraire», ironise-t-il avec un sourire qu'on lui a beaucoup vu depuis qu'il occupe ces fonctions à l'UMP. «Je ne suis prêt à rien lâcher, poursuit-il. Il y a des impatiences à occuper ma place mais ça ne m'émeut pas parce que j'ai la confiance du président de la République.» Le secrétaire général de l'UMP a ainsi reçu les félicitations de Nicolas Sarkozy à l'issue de la dernière convention du parti sur l'Europe.
Les candidats à la succession de Devedjian devront donc patienter. À l'Élysée, on le concède d'une certaine manière : «Quoi qu'il se dise, la situation est figée aujourd'hui et il n'y a pas vraiment de raison d'y changer quoi que ce soit avant un bon moment». Le bon moment pourrait être un remaniement du gouvernement, qui n'est pas attendu avant 2009. En tout cas, pas avant les échéances internes à l'UMP qui doivent renouveler le conseil national, en novembre prochain.
Car dans l'entourage du président de la République, on considère aujourd'hui que les réglages ont déjà été faits. Depuis la défaite des municipales, Nicolas Sarkozy, qui confie en privé qu'il regrette d'avoir quitté la présidence de l'UMP, reste de facto le véritable patron du parti. Il a d'ailleurs veillé au renouvellement de l'équipe collégiale qui dirige l'UMP. Patrick Devedjian a été confirmé à son poste de secrétaire général mais il est encadré, depuis mars, par deux poids lourds du gouvernement, Xavier Bertrand et Nathalie Kosciusko-Morizet, auxquels s'est joint un ultrasarkozyste en juin, le maire de Nice Christian Estrosi.Tous les quatre doivent se retrouver pour la première fois à l'occasion d'un déplacement à Nice, le 25 juillet, en lançant la caravane de l'UMP, qui doit faire la tournée des plages.
Le quadrige a pour mission de redonner son élan à l'UMP. Xavier Bertrand et Nathalie Kosciusko-Morizet le répètent à l'envi, le parti doit retrouver le dynamisme qu'il avait avant l'élection présidentielle, quand Nicolas Sarkozy le présidait. À charge pour Xavier Bertrand de remettre sur pied les fédérations en difficulté : le ministre du Travail, avec sa casquette de secrétaire général adjoint, aura visité dix-sept régions en trois mois. Sa collègue de l'Écologie, pour sa part, doit faire revivre le débat au sein du parti et préparer les échéances à venir en transformant l'UMP en boîte à idées.
Guerre des princes
Quant à Christian Estrosi, dernier nommé en date, on connaît ses appétences pour la vie du groupe à l'Assemblée nationale. Mais «il doit encore trouver sa place dans l'appareil UMP», explique un secrétaire national, inquiet de l'entrée en lice d'un nouveau secrétaire général potentiel. «En mars, Christian avait refusé une délégation générale taillée sur mesure pour lui, poursuit-il. Il n'a accepté d'être l'adjoint de Patrick Devedjian que sur insistance de Nicolas Sarkozy».
Dans l'entourage du président, on l'assure : la nomination de Christian Estrosi est «un gage de stabilité pour le parti». C'est pourtant une guerre des princes que redoutent plusieurs cadres et élus. «Si Xavier Bertrand devait un jour être appelé au secrétariat général, analyse un ancien ministre, ce serait un véritable casus belli pour Jean-François Copé. Christian Estrosi et Jean-François Copé sont en train de se découvrir de vrais intérêts communs.»
Paradoxe, on en revient alors à Patrick Devedjian. «Tant qu'il est là, il focalise toutes les critiques, explique un député peu suspect de sympathie pour son collègue des Hauts-de-Seine. Il serait dangereux pour tout le monde de retirer le couvercle trop tôt.» Est-ce le secret de sa longévité ? Lui a une explication beaucoup plus simple : «Un jour, tout le monde comprendra peut-être que l'ambition ne suffit pas. C'est le président qui décide.»
Jean-Baptiste Garat
11/07/2008
Le Figaro
*Photo : Patrick Devedjian, ici en compagnie de Christian Estrosi, Jean-François Copé et Xavier Bertrand (de gauche à droite), lors du conseil national de l'UMP, le 5 juillet. «On me reproche tout et son contraire», ironise le secrétaire général. (Paul Delort / Le Figaro)
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