***Le Premier ministre a consacré mardi, à l'Assemblée nationale, un hommage ému à Raymond Forni.
Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs les députés,
Chers collègues,
Humbles devant la mort, nous le sommes plus encore quand celui qui nous quitte a donné, par sa présence, par ses contributions à notre vie politique, par son parcours personnel, l’image d’un destin exemplaire.
Parmi nous, il y a ceux qui luttent contre la pauvreté, la solitude, et ceux qui les ont subies.
Il y a ceux qui débattent du travail en usine, et ceux qui l’ont vécu.
Il y a ceux qui encouragent l’effort d’intégration, la réussite personnelle, la promotion sociale, et ceux qui ont su tout donner, tout surmonter pour les mener eux-mêmes à bien, jusqu’à obtenir du pays la reconnaissance la plus haute.
Raymond Forni était de ceux-là.
Je veux redire le message à la fois clair, positif et exigeant que son parcours adresse à tous ceux dont l’intégration dans la société française semble difficile.
Je pense aux jeunes issus de l’immigration, mais aussi à ceux que leur histoire scolaire ou familiale semble écarter des voies balisées de la réussite.
Raymond Forni était devenu citoyen français à 17 ans. A 32 ans, il était député du Territoire de Belfort, grand juriste, grand constitutionaliste.
Quinze ans pour passer d’une demeure modeste de Montreux-Château, à la représentation nationale, et par-delà, au Conseil de l’Europe, à la CNIL, à la présidence de la région Franche-Comté.
Quand l’intégration est courageuse, volontaire, loyale, aucune porte ne lui reste fermée.
Les combats de Raymond Forni ont toujours été guidés par ce souci proprement humaniste de respect de l’homme et de ses dons.
Le souci de la tolérance, de l’ouverture intellectuelle, de la justice.
Raymond Forni s’était fait connaître comme avocat en défendant, dans l’affaire Mercier une lecture large et compréhensive de la liberté d’enseigner.
Il disait avoir connu son grand moment de député comme rapporteur d’une des lois qui ont honoré l’Assemblée nationale, la loi abolissant la peine de mort.
A cet esprit de tolérance et de générosité, je veux exprimer aujourd’hui l’hommage sans réserve du Gouvernement et de la nation.
Raymond Forni avait mis au service de l’Etat les talents que la France lui avait permis d’épanouir.
Son travail – considérable, en particulier à la tête de la Commission des Lois – avait pour horizon la collectivité nationale.
Son éloquence était à la disposition de la République.
Il en vivait chaque progrès avec probité et avec une passion presque farouche.
Ceux d’entre vous qui ont eu le privilège de travailler ici même sous sa présidence s’en souviennent : au perchoir, Raymond Forni avait le ton rigoureux, parfois tranchant. Le ton, sans doute, de ceux qui s’étaient battus pour tous, qui n’avaient jamais fait un pas pour eux seuls.
La République avait donné à Raymond Forni le rang de quatrième personnage de l’Etat.
Lui-même s’était attribué en retour un titre modeste et beau, celui d’ « enfant de la République ».
La République que j’aime, c’est celle qui donne leur chance à des hommes de la qualité et de la trempe de Raymond Forni.
Jeudi 10 janvier 2008
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