***La façade du Printemps boulevard Haussmann s’anime et clignote au son d’une musique cristalline, créée pour l’occasion.
Ah, ces Champs-Élysées! La plus belle avenue du monde, selon les Parisiens, se fait ultrachic pour le temps des Fêtes. De la Concorde à l’Arc de triomphe, c’est à un véritable bal d’ampoules qu’elle nous convie. Un million de petites lucioles bleues scintillent dans ses platanes. Même sous la pluie, la foule s’y presse. Un vrai rituel.
Boulevard Haussmann, les vitrines des Grands Magasins attirent comme toujours les enfants, grands et petits. Marionnettistes à fil, créateurs visuels, musiciens et designers mode travaillent toute l’année pour créer un monde de féerie. Au Printemps, un concert de chouettes rallie la faveur des enfants. Accompagnée d’un trio à cordes et d’un flûtiste, une chorale de chouettes chante en battant des ailes. Devant la plus adorable des vitrines de Paris, les enfants chantent aussi, dansent et tapent des mains. Venue des haut-parleurs, une musique cristalline déferle sur le boulevard. Les automobilistes coincés dans le bouchon en oublient leur habituel klaxon. C’est dire!
Version haute couture
Un sapin signé Dior ou Chanel, pourquoi pas! Depuis 12 ans, l’exposition Sapins de Noël des créateurs invite les grands noms de la mode à revisiter l’arbre festif. Les œuvres sont vendues aux enchères au profit de l’association Sol En Si (Solidarité Enfant Sida). On peut les admirer jusqu’au 2 janvier, à la Maison des Bons Enfants, rue Saint-Honoré.
La maison Kenzo signe en fushia, jaune optimiste et vert irlandais un sapin orné de fleurs de soie, papillons, libellules et guirlandes de lierre en plastique, lanternes chinoises, plumes, mini-écrans vidéo montrant des oiseaux dans la jungle. Difficile à rapporter en avion, mais on peut toujours s’en inspirer.
Chez Jean-Charles de Castelbajac, un sapin en Lego. «Enfant, c’était mon jeu préféré. J’ai inséré une petite épée de Jedi en guise de tronc. Car je suis un Jedi», dit le couturier. Les Jedi sont ces moines-chevaliers œuvrant pour le maintien de la paix, imaginés par George Lucas pour la saga Star Wars.
Et Noël? «C’est, dit-il, ma cabane au Canada. Quand j’ai eu neuf ans, mon parrain m’a emmené près de Calgary, en Alberta. Ce fut mon plus beau Noël. C’est gravé très fort en moi. La neige, le Canada Dry, vive le Canada!»
Ah ces Parisiens!
Le sapin de Jean-Paul Gaultier, dit l’enfant terrible de la mode, superpose trois kilts écossais. «Papa kilt, maman kilt et enfant kilt, ornés de boules noires. Après les Fêtes, on pourra démonter le sapin et les porter à l’écossaise, c’est-à-dire sans petite culotte…», lance-t-il.
Pour lui, Noël sera pourtant traditionnel. «Un vrai sapin avec des lumières de toutes les couleurs, de la dinde au marron, des clémentines, de l’oie, la crèche, la messe de minuit… et les chansons de Tino Rossi. Ah j’oubliais, de l’amour, beaucoup d’amour.»
François Girbaud, de la marque Marithé & François Girbaud, se fait plus philosophe. Son œuvre trace en tube néon rouge le jeu de mots «NO HELL» qu’on pourrait traduire par «pas d’enfer».
«Pour Noël, je souhaite que la paix revienne dans le monde, qu’on arrête de mourir pour des bêtises de pétrole. On est décalé. Stop tout ça! On va oublier pendant une heure l’impérialisme idiot, l’illusion de démocratie. J’aime bien mettre un glaçon sur tout ça.»
Au coup de marteau du commissaire-priseur, le NO HELL de Girbaud s’envole à 4000 euros, le Lego à 350 et le cerf de Dior, 2500 euros. L’élégance parisienne n’a pas de prix, surtout à Noël.
Louise Bilodeau
Le Soleil
Collaboration spéciale
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