Monday, October 26, 2009

*Epad : Jean Sarkozy élu administrateur, le débat se cristallise sur l'avenir de la Défense...*


***Elu vendredi administrateur de l'Epad, Jean Sarkozy a approuvé l'extension future du quartier, mais a souhaité davantage de concertation avec les élus. La gauche exige toujours le retrait des décrets de fusion des établissements publics de la Défense et de Nanterre.

Ambiance électrique vendredi à la séance publique de l'assemblée départementale des Hauts-de-Seine. Il est tout de même un point sur lequel tous les élus sont tombés d'accord : « l'affaire Jean Sarkozy » a permis de mettre au coeur du débat public l'aménagement du quartier de la Défense. « Enfin ! » a même ajouté le fils du président de la République, qui avait la veille créé la surprise en renonçant à briguer la présidence de l'Etablissement public d'aménagement de la Défense (Epad) tout en maintenant sa candidature comme administrateur.

Sur le fond cependant, les divergences sont apparues très profondes à l'occasion des votes pour l'administrateur de l'Epad et sur l'avis consultatif sur les décrets d'extension de la Défense et de fusion de l'Epad avec l'Etablissement public d'aménagement Seine Arche (Epasa) sur la commune voisine de Nanterre. C'est le maire PS de Fontenay-aux-Roses, Pascal Buchet, qui a ouvert les hostilités. « La question de fond reste la même : allons-nous aménager la Défense contre les avis des élus locaux ?[…] Va-t-elle continuer à être une boîte à fric ou au contraire va-t-on développer un véritable projet urbain ? » s'est insurgé l'élu, qui s'est ensuite adressé au président de séance, Patrick Devedjian (UMP).

« Vous vouliez nettoyer les écuries d'Augias », a-t-il déclaré, rappelant des déclarations passées du président du conseil général qui avaient provoqué un coup de tonnerre à droite. « Pourquoi le président de la République vous a empêché de le faire à la Défense, en refusant de prolonger votre mandat ? Serez-vous Hercule qui va trucider le roi corrompu Augias ? », a demandé Pascal Buchet se référant au récit mythologique, déclenchant des cris indignés du côté de la majorité sous l'oeil impassible de Patrick Devedjian. Lequel a précisé, en marge de la séance, que les comptes de l'Epad respectaient désormais les règlements comptables. Le maire PCF de Nanterre, Patrick Jarry, a lui dénoncé les décrets de fusion et appelé à débattre sur un autre projet, estimant qu'ils vont contre la libre administration des collectivités locales, inscrite dans la Constitution.
Plaidoyer pour le dialogue

« Chiche, débattons ensemble ! » a répondu Jean Sarkozy à l'occasion d'un long discours. « La crise est venue frapper de plein fouet le plan de renouveau[NDLR de la Défense]. Il va falloir réinventer un nouveau projet de prospérité, un nouveau modèle de performance économique et de développement durable et social »,a-t-il déclaré. Il s'est prononcé, à l'heure du Grand Paris, en faveur des décrets de fusion et d'extension de la Défense, « atrophiée » dans une enclave « trop limitée »,égratignant au passage la décision « de connivence et de complaisance »du ministre de l'Equipement PCF, Jean-Claude Gayssot, en 2000, de diviser le territoire initial de l'OIN de la Défense, pour créer l'Epasa à Nanterre. Jean Sarkozy a plaidé pour une grande « concertation avec tous les maires » sur ce territoire. Il a critiqué l'éviction, dans le décret, de la Ville de Paris et de la CCIP du conseil d'administration du futur établissement, appelant à une évolution. Patrick Jarry a rétorqué qu'il refusait « un dialogue les pieds et poings liés. On ne peut pas d'abord nous prendre la moitié de notre territoire et ensuite nous demander de dialoguer. Il faut retirer ces décrets ».

A l'issue des discours, Jean Sarkozy a été élu administrateur avec les 30 voix de la majorité, contre 15 pour la candidate PCF, Nadine Garcia. Les décrets ont récolté 28 voix positives, contre 17. Pour leur évolution, très probable, la balle est désormais dans le camp de l'Etat. Quant à la séance de vendredi, elle aura confirmé que ni Patrick Devedjian, candidat à sa succession en 2011 à la tête du département, ni Jean Sarkozy n'avaient renoncé à leurs ambitions politiques.

ISABELLE FICEK,
Les Echos
26/10/09

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