Sunday, May 17, 2009

*Le statut d'auto-entrepreneur, entre séduction et méfiance...*

*** Auto-entreprise et professions libérales

Malgré des débuts chaotiques pour les professions libérales, ce statut est une mesure qui répond à un réel besoin. Jusqu'à présent, pour exercer en toute légalité un métier tel que la traduction, il fallait passer par une société de portage ou être inscrit à l'Urssaf, deux solutions lourdes en charges et en démarches (surtout pour de jeunes diplômés). Il n'existait donc aucune solution intéressante pour facturer des services occasionnels. L'auto-entreprise me permet aujourd'hui de concilier une activité de traducteur salarié tout en continuant à travailler avec mes clients préférés en parallèle. Les démarches sont simples, il suffit de tenir un livre de comptes et de déclarer, chaque trimestre, son chiffre d'affaires.

On peut toutefois déplorer que dans le domaine de la traduction, l'auto-entreprise amène une forme de concurrence déloyale vis-à-vis des traducteurs libéraux inscrits à l'Urssaf, qui payent de lourdes charges sur leurs revenus (environ 50 %) quand un traducteur auto-entrepreneur ne paye que 20,5 %. Notons également qu'il est impossible pour ces traducteurs (même s'ils remplissent toutes les conditions nécessaires) de passer directement en auto-entrepreneur : ils doivent en effet se faire radier de l'Urssaf avant d'en bénéficier. Débuts clopinant, manque d'information, téléscopage entre différents organismes... Malgré ces quelques défauts, l'auto-entreprise est une réelle "modernisation de l'économie".

* Le statut idéal pour débuter par Greg B.

Photographe, âgé de 28 ans, j'ai connu bon nombre de période de chômage, des CDD, etc. J'ai avant tout choisi le statut d'auto-entrepreneur afin de créer mon propre emploi. Depuis mes études, j'avais souvent pensé à m'installer en indépendant, mais les charges élevées (qu'importe le montant de chiffre d'affaires réalisé), l'obligation de s'inscrire au registre du commerce, etc. finissaient toujours par me faire reculer et choisir des emplois précaires dans mon domaine d'activité. Avec ce nouveau statut, une part de mes craintes ont disparu. Dans cette période de crise, je n'ai pas forcément du travail tous les jours et mon chiffre d'affaires n'est pas élevé, mais je sais que mes charges et mon impôt sur le revenu seront en rapport avec mon chiffre d'affaires, ce qui me rassure.

Me lancer en tant qu'auto-entrepreneur a été assez simple puisque j'ai pu tout faire sur le Net. Le plus étonnant finalement, c'est que ce statut soit nouveau alors qu'il aurait dû exister depuis longtemps. On devrait simplifier au maximum la création d'une activité et mettre un niveau de charge et d'impôt en rapport avec les revenus de l'activité. Souvent, j'ai eu l'impression qu'on encourageait plus les jeunes à prendre des emplois précaires que travailler à leur compte.

* Un statut fantastique ! par Philippe Verdin

Mon épouse, exerçant dans une petite entreprise de restauration familiale au bénéfice d'une association, pourra grâce à ce système exercer son travail dans des conditions extra-ordinaires : pas de problèmes concernant la TVA, les charges sociales, les impôts... une extrême simplification administrative ! Je ferai pareil lors de ma retraite dans le domaine des services. Le régime d'auto-entrepreneur (pour autant que l'activité soit assez petite) est bien calibré.

* Diminution des pressions sur l'entrepreneur débutant ou modeste par Un électeur de gauche.

Ce dispositif peut permettre de sortir de la pauvreté, de la galère, de retrouver une dignité, de tester une idée, de se concentrer sur son projet. De tenter de sortir d'une précarité subie, y compris celle des minima sociaux. Surtout il permet d'essayer. De tenter, en limitant les risques et sans avoir à creuser les questions administratives et comptables qui freinent en grande partie l'initiative. Moins de pressions qui gâchent l'entousiasme d'entreprendre. Certes, le salaire maximum envisageable ne permet pas de rêver, mais il permet une auto-suffisance sobre et digne. Une activité débutante ou modeste.

L'idée du PS de limiter à deux ans n'est malheureusement pas très inspirée. Il existe une multitude d'auto-entrepreneurs dont le revenu modeste mais digne va osciller ou stagner, mais qui souhaiteront garder ce mode de vie tellement plus enviable que le RMI. Une minorité pourra voir les choses en plus grand et se doter d'outils plus sophistiqués, inaccessibles au débutant. Mais le PS ne peut pas décréter qui ni quand. Il est si triste que la gauche n'en comprenne pas le sens. Et plus triste encore qu'elle n'en est jamais eu l'idée. S'il est un projet à ne pas fustiger, c'est celui-là.

* Auto-entrepreneur depuis trois mois par Thierry Gardies

J'ai choisi d'être auto-entrepreneur depuis le 1er février, je crée des sites Internet et j'administre des serveurs pour des clients et moi-même. Ce statut m'apporte les avantages suivants : facilité de la gestion comptable, simple et rapide avec le logiciel qui va bien, je passe ainsi plus de temps pour mes projets et clients.

Je travaille à mon rythme et de savoir que je ne rentre pas d'argent pour cette activité à un moment, ce n'est pas un problème. Je ne paye pas de charges si cela arrive, ça enlève un stress incommensurable. Je crois à ce statut, car il y a beaucoup de gens qui voudraient travailler sans avoir à calculer les charges sans arrêt, et être stressé de savoir qu'il faut impérativement faire du chiffre.

* Création d'emploi par Amélie

Je suis diplômée d'architecture depuis le mois de juin, je ne trouve pas d'emploi, pas un seul entretien pendant les trois derniers mois. Je m'entends répondre que oui il y a du travail, mais on ne sait pas de quoi demain sera fait. Les employeurs sont frileux dans ce contexte économique. Difficile de ne pas se remettre en question.

Et puis, j'entends parler de ce statut, je me renseigne et me lance. C'est simple, rapide, et accessible. Depuis, j'ai pu enchaîner des missions, je travaille donc au dossier pour des cabinets. J'ai de nouveaux contacts intéressés depuis que j'ai adhéré à ce statut. Dans ce milieu, les employeurs ont besoin "d'extra" et ce statut permet de répondre à leur demande. Par ailleurs, je conserve mon statut de chercheur d'emploi pour continuer à répondre à des offres d'emploi éventuelles (vraiment rares en ce moment !) étant toujours à l'affut de propositions salariées.

Les avantages que j'y trouve ? Dynamiser ma recherche d'emploi au départ, me faire connaître dans le milieu professionnel par la suite, en espérant que l'une de ces missions aboutisse à une proposition d'embauche. Je n'ai pas de critique particulière du fait que ce statut m'a permis enfin de travailler, j'ai créé mon emploi puisque personne ne m'en proposait. Je vois actuellement un seul problème, tout le monde peut adhérer à ce statut, mais aucun justificatif de diplôme, de compétences n'est exigé. Tout le monde peut prétendre à tous les métiers du monde ?

A suivre...

par Laurent Laget

LE MONDE
15.05.09

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