Wednesday, April 9, 2008

***La flamme olympique vacille en Europe...***


***Dimanche 6 à Londres et lundi 7 avril à Paris, le passage de la flamme olympique a été fortement perturbé par des manifestants défendant le respect des droits de l'homme en Chine. A quatre mois des Jeux olympiques de Pékin, la presse européenne s'interroge sur l'impact de ces protestations.

Süddeutsche Zeitung (Allemagne)
"Les critiques de la Chine ont réussi le premier acte de leur mise en scène qui ne s'arrêtera pas avant le début des Jeux olympiques. Ils ont profité du parcours mondial de la flamme, une farce marketing, et agissent pour le décrédibiliser", relève Stefan Kornelius. "Pour l'instant, les protestations ciblent le gouvernement chinois. Pékin ne contrôle pas les images. L'entêtement de la Chine à ignorer les protestations témoigne d'une ignorance totale des règles d'une société ouverte. (...) L'extinction de la flamme à Paris était-elle utile ? Pas nécessairement, car, jusqu'à présent, les protestations sont plutôt un signe flagrant d'impuissance. De même, pour les manifestants, tout est question de symbole. Derrière le spectacle, il n'y a pas beaucoup de substance politique. Chaque protestation, chaque symbole, chaque indignation est naturellement légitime. Mais, au final, une question doit subsister : l'objectif est-il atteint, quelque chose a-t-il changé ?"

Gazeta Wyborcza (Pologne)
Seweryn Blumsztajn ne cache pas son contentement à la vue de l'interruption forcée du passage de la flamme olympique à Paris. "Nous, citoyens du monde, avons éteint le feu de la puissance chinoise. Tous les jours, nous sommes désarmés face à l'horreur de la politique mondiale. Et soudain, vient le moment où notre appel sur Internet ou une banderole accrochée à une fenêtre devient un nouvel élément du pouvoir mondial aux mains de gens convenables. J'ai ressenti une certaine émotion lorsque la flamme olympique a été éteinte. Cet événement me rappelle le 14 décembre 1981. (...) [En exil à Paris], nous avions manifesté, avec les leaders syndicaux, contre la proclamation de la loi martiale en Pologne. Derrière nous défilaient cent mille Parisiens. Cette mobilisation n'a été aussi forte nulle part ailleurs. A l'époque, j'étais fier de cette ville et aujourd'hui, je le suis de nouveau."

The Times (Royaume-Uni)
"Qui a dit que le passage de la flamme dimanche à Londres était un gâchis ? Qui a dit que la police avait été 'humiliée' ? J'appellerai plutôt ça un triomphe. Quel est le sens des Jeux olympiques si ce n'est pas une question de persistance, de courage et de bonne volonté envers les étrangers (dans ce cas-là, les Tibétains) ?" demande la chroniqueuse Libby Purves. "Les démocraties occidentales n'avaient pas besoin de cautionner ce relais. Le parcours international de la flamme n'est pas honoré par l'histoire. Hitler l'a inventé en 1936 avec la torche venant de Grèce à l'Allemagne comme un geste pan-aryen. Cela a été abandonné pendant 64 ans, jusqu'à ce que Sydney organise une tournée autour du Pacifique, de nouveau pour des raisons politiques. (...) Partager le triomphalisme chinois n'est pas nécessaire. Pas maintenant, pas avec la souffrance et l'injustice en cours au Tibet. La procession de la torche est clairement politique et n'aurait pas dû être encouragée par nos dirigeants (...). Heureusement, quand la flamme honteuse a atteint Londres, il y a eu suffisamment de protestataires bien avisés pour sauver notre honneur national."

Sur (Espagne)
Le quotidien estime que les incidents qui ont eu lieu à Londres et Paris "choquent frontalement avec les valeurs que devraient incarner les Jeux olympiques et donnent une idée des actes de protestation qui pourraient avoir lieu lors de la compétition, à l'intérieur ou à l'extérieur de l'enceinte olympique. (...) La Chine a commis une énorme erreur en sous-estimant la coïncidence des sociétés démocratiques avec les objectifs fondamentaux de la Charte olympique - 'promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine' - et en pensant que le succès de cet événement serait garanti par les spectaculaires investissements financiers. (...) [La répression des émeutes au Tibet] a reveillé l'opinion publique mondiale et suscité un courant de sympathie envers la population tibétaine, en rappelant que la Chine possède trop de lacunes en matière de démocratie pour que la compétition sportive puisse être épargnée."

L'Equipe (France)
A Londres le 6 avril, puis à Paris hier, "un même message populaire s'est élevé au passage d'une torche devenue, par l'impéritie du Comité international olympique (CIO) autant que par l'attitude figée de Pékin, un spectaculaire symbole des droits de l'homme", affirme le quotidien sportif. "L'exigence qui a couru de Londres à Paris bien plus vite que les relayeurs de la flamme - devenus paradoxalement cibles des manifestants -, c'est le sursaut que l'on est en droit d'attendre du CIO. Nous espérons de son président et de ses instances, terriblement oublieux de leur mission depuis qu'ils ont fait le choix de Pékin en 2001, qu'ils l'assument en reprenant l'initiative auprès des dirigeants chinois pour leur rappeler les engagements de la charte olympique. Ce sont les Jeux olympiques avant d'être les Jeux de Pékin."

Eurotopics

No comments: